Voilà maintenant 7ans que l’Accord National Interprofessionnel (ANI) a été mis en place. Beaucoup d’acteurs prédisaient alors un véritable chamboulement du marché de la complémentaire santé, mais la réalité a été toute autre… Quel bilan dresser de ces sept années ? Que faut-il retenir ?
• Quels effets de l’ANI sur le marché de la complémentaire santé ?
• Mise en place de l’ANI : prévisions versus réalité
L’entrée en vigueur de l’Accord National Interprofessionnel a légalement contraint les entreprises privées de toute taille de proposer une complémentaire santé à l’ensemble de leurs collaborateurs. Beaucoup d’acteurs du secteur de l’assurance ont redouté cette situation, s’attendant à un basculement important de la complémentaire santé individuelle vers la complémentaire collective. Or, avec quelques années de recul, nous pouvons aujourd’hui affirmer que les retombées n’ont pas été tout à fait celles auxquelles on attendait.
D’un côté, l’ANI a effectivement rempli sa mission : la quasi-totalité des salariés français (95%) se sont vus couverts par une complémentaire santé collective, ce qui est bien au-dessus des chiffres observés avant la réforme (+20 points de pourcentage).
À partir de là, on aurait logiquement pu prévoir que la croissance du marché collectif serait bien plus marquée que celle de la complémentaire individuelle. Or, cela n’a pas été le cas…
Pour rester conforme à la réglementation, chaque entreprise s’est donc vu proposer à ses salariés un complémentaire santé collective. Cependant, les plus modestes d’entre-elles ont choisi d’équiper leurs salariés au minimum syndical avec des garanties les couvrant juste au-dessus de seuil réglementaire minimum.
Pour optimiser leur couverture, les salariés se sont alors tournés vers deux solutions de replis :
• Souscrire une complémentaire santé individuelle, en plus de la collective ;
• Souscrire une surcomplémentaire santé individuelle, en plus de la collective.
Résultat: 2 millions et demi de surcomplémentaires santé individuelles ont été souscrites depuis la mise en place de l’ANI. On comprend alors pourquoi lefossé entre complémentaire collective et individuelle ne s’est pas creusé.
Il existe un autre facteur qui explique l’effet modéré de l’ANI sur le marché de la santé collective, la démographie et le vieillissement de la population.
En France, nous comptons depuis quelques années un nombre croissant de nouveaux retraités. Or, cette tranche de la population n’est pas concernée par l’ANI, mais reste bel et bien une part de marché importante sur le créneau de la complémentaire individuelle.